Saison 7 Episode 2 S7E02

Yassas, γεια σας, chers famille et amis

Très nombreux, si, si, à réclamer le 2ème épisode des aventures des Elbaz à bord d’Opale, le voici. Puisse t-il vous accompagner dans nos péripéties, navigations et découvertes.

C’est le chantier

Chaque samedi, dans le chantier, un BBQ est organisé par des voileux italiens, on partage les frais et on échange nos programmes de navigation, passés et à venir. On y a fait la connaissance de Jacques, un circumnavigateur qui revient de son tour du monde de 12 années, jeune et fringant arrière grand père depuis 10 jours de 77 ans. Las de naviguer, il est passé par le canal de Suez, pour revenir en Méditerranée plus vite plutôt que de passer par le Cap de Bonne Espérance où il aurait navigué une année de plus. Gagner la Méditerranée en venant de l’Océan Indien nécessite de passer par le Golfe d’Aden, long de 1000km et large de 150 à 440 km .La remontée vers la Méditerranée s’organise en convois alternés par colonne de bateaux, protégés par des embarcations militaires armées qui patrouillent le long de la colonne, surveillée également par hélicoptère, à 60 NM (Miles Nautiques , pour info, 1NM = 1, 852 km) de chaque côte ( environ 110km).  Cette vigilance est indispensable dans cette région où la piraterie maritime sévit, notamment au large des côtes de la Somalie et où les migrants sont nombreux à tenter de rejoindre le Yemen. Ensuite, il s’agit de remonter la Mer Rouge sur 1900 km et enfin le canal de Suez sur 160 km, une aventure par laquelle nous ne sommes pas tentés. Jacques nous a raconté ses traversées et ses escales, c’est toujours enrichissant pour nous de recueillir de telles données et expériences, on modifie ainsi notre parcours rêvé.

Lors de ce BBQ, nous avons rencontré un couple franco-japonais, se partageant entre la région PACA et, Paris, en hiver et en été,  la Grèce et la Turquie au printemps à bord de leur voilier et le Japon en automne, une vie bien riche en intérêts variés qui rend cette nouvelle amitié passionnante.

Le BBQ à l’image du chantier est polyglotte, s’y retrouvent  Allemands, Danois, Russes, Anglais, Italiens,  Grecs et Français. On y savoure de la chèvre grillée, accompagnée d’une salade grecque (tomates, salade verte, concombre, fêta, herbes aromatiques, persil) et de légumes grillés (champignons, aubergines, poivrons), arrosé de Mythos, la bière nationale ou de vin rouge local, un bien agréable BBQ estival.

L’histoire entre oliviers et chèvres

Avec la reprise alimentaire, la  tension de Fabienne remonte, presque 9/6, elle en profite après sa demi-heure de nage quotidienne pour marcher jusqu’à la tour, en haut de la colline. En fait, la tour se révèle être un mirador bâti sur un blockhaus, par l’occupant allemand durant la Seconde Guerre Mondiale. Léros passa de l’occupation ottomane qui durait depuis 400 ans à  l’occupation italienne, comme le reste du Dodécanèse, en 1912, à la suite de la guerre italo-turque. En 1943, les Allemands tentèrent de reprendre l’île aux Italiens, suite à leur reddition, devenus alliés des  Britanniques et des Grecs, Elle fut très durement bombardée pendant plus d’un mois et demi, puis  tomba finalement aux mains de l’ennemi. C’est cette offensive qui a inspiré la bataille de Kéros dans le film « Les canons de Navarone ». Après la guerre, Leros comme le reste du Dodécanèse, fut finalement rattachée à la Grèce en 1948. L’importance stratégique de la colline surplombant la baie de Blefoutis et sa vue sur les côtes turques explique la position de ce mirador et un peu plus bas d’une caserne qui sert à présent d’abri pour les chèvres.  En redescendant, Fabienne découvre, caché par des arbustes, un porte mitrailleuse, rouillé et scellé au sol, visant un éventuel débarquement; marque du temps sur une petite plage devenue paradisiaque.

Bientôt sur booking.com

La température monte, 43° C à Athènes, plus chaude température jamais enregistrée mais déjà la météo annonce que le vent va se lever et qu’une mise à l’’eau ne sera  possible que d’ici une semaine, au mieux. Cela laisse le temps à Patrick de peaufiner la préparation et Fabienne son repos et son bronzage sur sa plage préférée. Avis aux amateurs, une pancarte de terrain à vendre, en bordure de plage, lui donne l’idée de construire un Hotel resort 5 étoiles, pas moins, sur 7500 m2, dans le style des palais Art Déco italiens, pour ne pas gâcher cette belle impasse sauvage, avec piscine  intérieure, d’eau de mer,  restons écolo et pour l’avoir essayée avec sa fille et avec contentement à Pornic, la thalassothérapie est un bienfait. Pour créer ce futur complexe hôtelier en association, contactez Fabienne !

« J’aime à penser que la lune est là même si je ne la regarde pas » Einstein

Chaque jour, lorsque Fabienne nage, elle aperçoit la lune en plein jour, est-ce parce que dans la mythologie, Léros resta au fond de la mer jusqu’à ce qu’Artémis, la déesse de la chasse et Sélène, la déesse de la lune aient persuadé Apollon, le dieu de la lumière de les aider à la sortir de l’eau ? Depuis, Artémis protège Léros et la lune y est toujours visible, de nuit comme de jour. Les navigateurs font courir le bruit que la pleine lune entraîne toujours un épisode de mer agitée, de vent fort et de visibilité réduite. Nos voisins de chantier, Jean-Pierre et Pascal, habitués de la Mer Egée et de ses caprices, valident cette croyance.

A louer ou/et à acheter, sur loftboats.com

Ces 2 partenaires sont les concepteurs, designers et propriétaires d’un voilier unique, le Loft 40, un prototype à coque large avec un impressionnant volume intérieur, spacieux et lumineux. Il allie design et fonctionnalité, pour de confortables croisières méditerranéennes. On est ébloui devant un bateau si innovant, qui porte bien son nom. C’est l’attraction du chantier, les curieux  défilent et sont en admiration, tout comme nous, devant une telle audace, une telle technicité et une telle ingéniosité en matière de construction navale plaisancière. Pour plus d’infos, visitez leur site et osez les contacter pour une croisière entre Sporades et Cyclades, sur un voilier de rêve et cependant accessible.

Etesien ou meltem, ça souffle

Les voiliers ont déserté sa baie, enfin celle où Fabienne nage chaque après-midi. Le meltem commence à forcir, la mer à moutonner. Le vent étésien, dérivé du mot grec qui signifie annuel, car il est saisonnier, régulier et souffle avec constance chaque été, est plus connu sous le nom turc de meltemi. En Méditerranée orientale, c’est un vent frais associé à un beau temps clair, de secteur nord qui peut atteindre 40 noeuds, force 8 sur l’échelle de Beaufort. On n’a pas vu un seul nuage depuis notre arrivée et le ciel est uniformément bleu grisé. Le vent emporte la chaleur et retire l’envie de se baigner mais  Fabienne, à l’image d’Eole, reprend des forces. Lorsque sa tension, prise quotidiennement arrive à 10/6, la partie est gagnée, le tensiomètre retrouve sa place au placard. Avec la forme qui revient, Fabienne entreprend dans un grand drap de coudre un taud de soleil, à fixer sur la bôme, au mouillage. Ainsi quand la chaleur reviendra, le carré, à l’origine  la salle commune où les officiers prenaient leur repas et dans notre voilier, la pièce à vivre avec cuisine, table, bibliothèque, table à carte,  sera protégé par ce grand carré de tissu pare-soleil. Le souffle (d’air) rentrera par les hublots de roof mais la toile blanche de coton léger atténuera la chaleur à l’intérieur et permettra d’assurer   une bonne ventilation, avec l’illusion de la fraicheur. Même à terre, le vent  commande. Jacques Brel  aurait interrompu son tour du monde à la voile, prétextant que, cité de mémoire, « sur un bateau, on devient con, on passe son temps à chercher d’où vient le vent ».

Notre bateau est notre maison et notre moyen de transport, notre rêve et notre ouverture au monde, notre envie d’ailleurs imaginaire couplée à la réalité tangible des éléments.  Etre marin et navigateur, vouloir rester en vie sans casser son bateau, nécessite d’être patient et docile vis à vis de la mer et du vent. Devant l’eau et l’air qui s’agitent, on fait le dos rond, fragile et humble, on sait que ces éléments auront toujours le dernier mot. Pour aller loin avec plaisir, soyons sages et patients, la mer nous guidera lorsque nous pourrons avancer, soyons attentifs à ses signes. Sans nécessité, sans obligation, sans mesure du temps, nous prendrons le vent, douce brise, pour gonfler nos voiles et nous diriger là où la risée nous mènera, sans souffrance, ni peur, sans douleur et avec plaisir. Une navigation réussie nécessite une bise suffisante pour, venant de travers ou arrière, tirer ou pousser le bateau, à une vitesse de croisière agréable, celle où les poissons mordent à l’hameçon accroché à la ligne de traîne, celle où l’on lit, coud, dessine, brode, rêve en maillot de bain dans le cockpit, l’emplacement situé à l’arrière du voilier où se tient la barre et où le soleil caresse la peau enduite de protection solaire ou à l’abri du bimini, ce pare soleil fixe qui chapeaute le cockpit. 

Mais pour l’heure, la mise à l’eau, au vu des prévision météo est repoussée.

Alors, bien sûr, on surveille le ciel, toujours uniforme, exempt de nuages et d’où vient le vent, s’il s’amplifie ou se calme, on s’échange entre voisins de chantier nos adresses de sites internet spécialisés  poseidon.fr, meteo.gr, notre préféré, on récupère les fichiers Grib  sur Weather4D, Les fichiers météo GRIB (GRIdded Binary) sont des fichiers de données météo numériques informatisés, ces prévisions sont publiées sans intervention humaine. Vont bon train les commentaires. Tout un chacun  pronostique sur l’évolution du temps, glane signes et observations, conjecture à partir de suppositions, de présomptions, d’hypothèses, suppute, voire analyse pour expliquer pourquoi Eole, maître et régisseur des vents les dispose avec cette force-ci et cette direction-là, certains essaieraient même de l’influencer par des prières  pour chercher à se concilier ses faveurs.    

Un atelier géant

Pendant ce temps, on n’active pas que les langues sur les bateaux. Sur Opale, on range ensemble, capt’ain et équipière, l’ancienne chaîne de 100m et de 300kg, dans un des coffres du carré, elle pourrait servir. On marque la nouvelle chaîne en peignant des repères pour connaître la longueur de chaîne descendue lors des mouillages.

Patrick fiabilise et améliore certains branchements électriques. Il nettoie et protège par antifouling les hélices du moteur et du propulseur, les graisse par un produit insoluble. Il contrôle  et change certaines anodes sacrificielles, au niveau du safran.Il installe un interrupteur sur le transformateur d’isolement  pour sélectionner, bateau à flot, bateau à terre. Grâce à notre mini imprimante à étiquettes, tout est étiqueté dans le bateau, de la mécanique à l’électricité en passant par les pots des aromates utilisés dans la cambuse.  Patrick vérifie les gilets de sauvetage et les équipe de nouveaux feux de repérage et met en fonction de nouveaux flash à led individuels puissants, en cas de chute à la mer.

Fabienne réalise des épissures, en liant un fil résistant au bout des bouts (prononcez « boute »), c’est à dire à l’extrémité des cordages, en l’occurence au bout des nouvelles amarres. Sur un navire, la seule « corde » est celle utilisée pour pendre les mutins. Chaque cordage possède un nom spécifique:

– une aussière, le cordage pour l’amarrage

– une écoute, celui pour orienter une voile,

– une drisse, celui pour hisser la voile,

– une bosse de ris, celui pour tendre le bord de la voile, les marins disent «  étarquer la bordure » et permettant la prise de ris pour diminuer la surface de la voilure quand le vent forcit, 

– une garcette, un cordage fin pour  enserrer l’excédent de toile ou de cordage.

Fabienne dresse les itinéraires des routes pour rejoindre la Crête, avec les prévisions d’escales,

Elle cuisine des cookies pour Patrick, moitié aux amandes, moitié au chocolat.

Tandis que  la pleine lune culmine, les vents boréens s’apaisent, on en profite pour se lever à l’aube et hisser la Grand Voile, Patrick monte en haut du mât installer la girouette et l’anémomètre électroniques. On met en place la capote, pare-vent et embruns au dessus de la descente qui mène au carré. Fabienne lave les hublots. Patrick fait les retouches à la peinture blanche sur la peinture écaillée. Il range ses outils afin que l’atelier géant qui avait envahi tout le bateau réintègre la coursive-atelier. Les réservoirs d’eau sont remplis, le chantier payé.

Derniers préparatifs

A Léros, la route des vins est un des circuits touristiques de l’île, au retour de Blefoutis ( Mplefoutis) dont Fabienne a repris la fréquentation, l’eau est toujours chaude mais devant la force accrue du courant, la plage est désertée et elle est la seule à nager. Après l’ultime baignade dans cette baie, Fabienne par une route escarpée visite un vignoble et repart avec quelques bouteilles de vin «  Iokallis », IGP Dodécanèse, d’un producteur local et familial, vin blanc de cépages de Malagouzia et  d’Asyrtiko , vin rouge issu de cépages de Cabernet Sauvignon ou de Merlot, vin rouge assez charpenté, pour le peu qu’elle s’y connaisse.

Ensemble, on se rend au bureau de la police portuaire de Lakki pour se procurer le DEKPA, document de circulation  pour les yachts de plus de 10 m, à présenter  dans chaque port grec. L’été dernier, les formulaires n’avaient pas été réimprimés et à notre arrivée à Corfou, les autorités nous avaient stipulé que le DEKPA n’avait plus cours. A Léros, le chantier l’exige avant notre départ, on le règle à la banque nationale, 50 €, mais au bureau de police, on nous donne un imprimé provisoire car les formulaires sont encore en cours de réimpression. Il suffira de présenter ce document provisoire pour obtenir le DEKPA dans un autre port. En fait, personne ne nous le réclamera et nous n’aurons jamais le document officiel. On s’est acquitté de cette taxe, c’est notre contribution si infime soit elle à la Grèce.

On prépare l’avitaillement, terme marin pour dire que l’on fait les courses pour approvisionner nos équipets, coffres de rangement et trappes et notre réfrigérateur en vivres et en eau en bouteilles.

On apprend par la radio du matin la mort de Simone Veil, modèle exemplaire de résilience et de combat renouvelé pour de nobles causes, le devoir de mémoire sans esprit de vengeance, le droit pour la femme à disposer de son corps, l’aide à la construction de l’union de l’Europe. Même si ses idées politiques ne correspondaient pas aux nôtres, on signe la pétition pour qu’elle intègre le Panthéon. Les signataires l’emportent, elle ira y reposer avec son défunt mari.  Aux grandes femmes, la patrie reconnaissante !

On prend des nouvelles des enfants, la venue de nos 2 aînés accompagnés de leur moitié, est prévue à notre escale maltaise.Notre fils lyonnais et sa compagne, après avoir traversé le golfe de Gascogne sur leur premier voilier, revendu, un challenger scout  de 7 mêtres, viennent d’acquérir leur 2ème bateau: un First 22 dériveur, qu’ils remorquent dans le jardin de notre  maison vendéenne. Nous leur souhaitons de belles navigations. Notre passionné de paléontologie effectue un stage de fouilles organisé par le Muséum National d’Histoire Naturelle en Charente.

Dernier resto avant de quitter Léros, l’Alinda, à fuir, le tzatziki correct, la moussaka avec principalement des pommes de terre, peu d’aubergines, et un parfum de cannelle appuyé, de l’octopus caoutchouteux et trop salé, le vin local Iolakis chaud. On était tenté par les cigales de mer à 90 € le kilo qui nageaient dans l’aquarium mais au vu du ratage de la préparation du poulpe, on se félicite d’avoir échapper au carnage , on se rattrapera à Noirmoutier, bref un désastre culinaire. Comme dans tous les restaurants grecs, le dessert est servi d’office, melon ou pastèque, accompagné parfois de yaourt au miel, de baklava ou de biscuit de semoule.

Après 18 jours de location, on rend au loueur notre voiture bien poussiéreuse.

Céto-quoi ? pourquoi ? pour qui ?

Le régime cétogène que Fabienne a entrepris lors de sa reprise alimentaire est facile à suivre en Grèce où les légumes gorgés de soleil abondent. Certes, ils ne valent pas ceux d’Italie mais les olives, l’huile et la fêta les enrichissent d’une exquise saveur.

Le livre « Le régime cétogène contre le cancer » des Dr Schlatterer, Knoll et Kämmerer guide Fabienne dans sa volonté de combattre les métastases, de lutter contre  LA maladie et freiner son évolution.

Le régime cétogène nécessite de réduire drastiquement, voire de supprimer tous les glucides lents et rapides et de s’alimenter avec des légumes, des protéines trouvées dans la viande et le poisson et des matières grasses :  c’est là le but, compenser l’absence de glucides par les lipides et entrer en cétose. Les lipides transformés en corps cétoniques, quand le corps est soumis au jeûne ou à une carence glucidique, alimentent les organes au détriment des métastases et des cellules tumorales privées de glucides. Ce type d’alimentation ralentit voire stoppe la croissance des tumeurs, avides de sucre.Les cellules saines ont depuis des millénaires subi des jeûnes, du fait des aléas des famines, le métabolisme s’est donc adapté physiologiquement pour compenser l’absence d’aliments glucidiques en transformant ses lipides présents dans ses réserves corporelles en corps cétoniques. A partir des graisses stockées, le foie produit  des corps cétoniques et les véhicule par le sang jusqu’aux tissus consommateurs d’énergie, les cellules musculaires et nerveuses.  Les corps cétoniques sont la source d’énergie privilégiée du coeur, du cerveau, des reins et peuvent fournir jusqu’à 75 % de l’énergie consommée par le cerveau en cas de jeûne prolongé, le glucose en fournissant dans tous les cas au minimum 25 à 30 %.

Les cellules cancéreuses, mutantes, n’ont pas cet antécédent héréditaire et sont fragilisées, circonscrites, voire absorbées et évincées par le système immunitaire renforcé par cet effort de diète cétonique. Concrètement, les aliments à supprimer sont les sucres lents, les féculents (pommes de terre, pâtes, riz, pain, tout ce qui est à base de céréales et contient de l’amidon ) et les sucres rapides (chocolat, sucreries, pâtisseries à base de farine de céréales, fruits ). Beaucoup de graisses, suffisamment de protéines, peu ou pas de glucides, la Grèce est un pays rêvé pour un régime cétogène.Les légumes y sont excellents et peu chers en comparaison de la France, on se régale d’aubergines, de courgettes, de poivrons, de brocoli, d’haricots verts, de chou, de tomates, concombres, agrémentés de fromage blanc grec, de fromage de montagne et entorse à la Grèce de mascarpone ou de parmesan. Le lait, facteur de croissance et sucré naturellement, est à éviter contrairement aux autres laitages recommandés. La tolérance zéro est plus facile pour Fabienne que la restriction.

Mise à l’eau

Nos voisins du Loftboat40 nous précédent, on observe attentivement les manœuvres. On repositionne les pare-battages. Une heure plus tard, c’est au tour d’Opale d’être lancé. La remorque à  glissière Roodberg SWL 38MT, en forme de U  et son cadre de portage soulève la coque du bateau et l’ensemble roule jusqu’à la pente de mise à l’eau. On le suit à pied et on admire le calme et le professionnalisme de l’équipe , du petit  fils, monté à bord qui manipule les amarres au superviseur Nikos, en passant par Kalliopi, la général manager, discrète et efficace et Vivi, souriante francophone et pleine de bonne volonté.  Du conducteur de la remorque au mécanicien, nous n’avons qu’à louer la qualité exemplaire de service  du personnel  compétent et sympathique d’Artemis Leros Boatyard,   http://lerosboatyardltd.com .

Bienvenue à bord

On monte à bord, le vent se lève, des petits moutons nous accompagnent dans Ormos Parthéni pour saluer notre départ.Un petit hors bord du chantier nous tire pour nous extraire de la jetée puis nous nous élançons et retrouvons nos automatismes marins. Patrick est à la barre, Fabienne range les amarres et les défenses. On hisse la trinquette, petite voile d’avant. Dans le Stenon Farios, le canal entre Nikos Leros et Nisos Arkhangelos, on roule la trinquette et hisse le génois, grand foc triangulaire avant. Le vent passe au travers et faiblit, on enroule le génois, on met le moteur en marche. Fabienne barre afin que le bateau soit face au vent et que Patrick puisse hisser plus facilement la Grand Voile( GV). Patrick n’use du winch qu’au 3/4 du mat. On sourit à la pensée de notre fils voileux qui, à la force de ses muscles, hisse la GV jusqu’en haut du mât, nonobstant l’aide du treuil à manivelle. La drisse de GV est prise dans un échelon de mât, Patrick joue du lasso, on reprend le cap, on déroule à nouveau le génois. Le vent retombe.  On rentre le génois, on descend la GV, on installe le spi, on avance bien, cap au sud ouest. On déjeune de ratatouille, préparée  la veille, Fabienne sieste dans le cockpit, Patrick veille, à ses côtés. A l’approche de Nisos Levitha, l’île des Cyclades centrales la plus orientale, le vent forcit. Allure en vent arrière, pour déventer le spi que Patrick range dans son sac et remise au pied du mât. Patrick prend la barre, au moteur, pénètre dans la baie profonde et slalome parmi une dizaine de bateaux pour arriver au fond de l’ormos bien protégée. Fabienne attrape un corps mort. On retrouve nos réflexes de navigation, d’amarrage, d’accostage, cela nous ravit. Un dinghy approche de l’arrière du bateau.Un dinghy, appelé également annexe, est l’embarcation pneumatique que tout voilier possède pour se rendre à terre, équipé d’un moteur et de rames, indispensable lorsque l’on mouille dans une baie. A bord du dinghy visiteur, se trouve le propriétaire liégeois de Saudade, un bateau en aluminium, un OVNI fabriqué avec l’aide de son père chaudronnier, sur les plans transmis directement par Philippe Briant, l’architecte naval de l’OVNI. On se raconte nos périples maritimes, lui ses îles du Pacifique, nous, nos tours de l’Atlantique et de la Méditerranée et on s’échange nos bons plans.  A son départ, on profite de la baie et de son eau bleu électrique, qui vire au turquoise dans les hauts fonds.

Revenu sur l’Opale, Patrick gonfle notre léger kayak, que l’on possède depuis 3 étés et que l’on manie aisément et avec délectation. Fabienne aime particulièrement ramer, et filer doucement sur l’eau, silencieusement, à la force de ses muscles. Elle  aimerait  s’inscrire à la rentrée à un club d’aviron, toujours de projet en projet. Notre dinghy dégonflé car inutile tant que nous sommes 2 à bord, est entreposé à l’avant du bateau, ficelé. On le réserve pour la venue de nos enfants.

L’ilien, qui a placé dans la baie les corps morts pour faciliter les mouillages des bateaux, perçoit 7 € pour la nuit, il est aussi pêcheur et tavernier.

En canoë, on rejoint la terre aride seulement habitée par un gardien de phare et quelques bergers et pêcheurs, soit 2 maisons.  Arrivés au quai, nous montons le canoë à terre et constatons que les autres embarcations sont juste retenues par un petit cordage, ce qui signifie que les vols n’ont pas cours ici. Cadenasser notre canoë signifierait une défiance vis à vis des rares habitants et des autres navigateurs, on les  imite et remontons la colline l’esprit serein. En haut du sentier bien balisé, qui serpente entre des pierres, au bout d’1/4 d’heure de marche, on arrive à la taverna, où déjà sont attablés les visiteurs de la baie, Allemands, Belges, Français. Le seul accès à l’île se fait par la baie et le ravitaillement du petit restaurant par bateau.

Au vu des assiettes, où trainent frites et saucisses et quelques rares poissons, on préfère boire un verre de vin grec accompagné de tzatziki puis s’en retourner dîner à bord. Pas de réseau, ni téléphone, ni internet, notre premier mouillage de l’année nous satisfait. Patrick programme une zone d’ alarme de mouillage sur le GPS. Une zone circulaire est définie autour du bateau, c’est la surface que balaie le navire en tournant autour de son mouillage. Sous la force du vent et/ ou du courant, le bateau pivote autour de son point d’ancrage, on dit qu’il évite. Si la zone de sécurité définie préalablement  est franchie, une alarme sonore est déclenchée.  Cette précaution prise, on s’endort  béat. 

D’île en île

On largue le corps mort le lendemain matin, après le petit déjeuner, thé vert pour Fabienne, cookies fait bateau, eau et fruit pour Patrick. Au sortir de l’ormos, Patrick ralentit  le moteur à 1500 tours/minute, l’anémomètre affiche 22 noeuds de vent, Fabienne à la barre met le bateau face au vent, Patrick hisse la Grand Voile, prend un ris, on reprend le cap au 180°, on coupe le moteur. Pendant que Patrick laisse filer la bosse d’enrouleur de génois, Fabienne embraque l’écoute de génois, Patrick finit d’étarquer avec la manivelle de winch. Le drapeau français flotte, attaché au pataras, le câble reliant la tête de mât à l’arrière du bateau et qui contribue à maintenir le mât verticalement. Notre pavillon nous aide à voir la direction du vent. Ne pas confondre l’allure, le vent apparent, le vent réel, on en rit, en repensant au Grand Jacques, le quêteur. On avance à presque 8 noeuds. Un voilier français a quitté la baie un peu avant nous et se dirige vers l’Ouest, vers d’autres Cyclades, Saudade un peu après nous et file vers l’est en direction du Dodécanèse et nous plein sud, chacun sa route maritime. Patrick se sent libre. La mer moutonne juste ce qu’il faut pour apercevoir quelques crêtes blanches tranchant sur le bleu électrique de la mer. Le réseau est revenu, au large, on consulte nos sms, mails, appels et autres what’s app. En navigation, Fabienne ne peut utiliser son ordinateur, car les embruns nuisent aux Macbook ! Fabienne prépare le plan de visite crétoise, avant de préparer le déjeuner. Pas encore amarinés, nous sommes tous 2 nauséeux, le repas nous requinque.

On retrouve notre mouillage de l’an passé à Astypaléa, sur la route qui nous avait menés à Rhodes. En Grèce, entre alphabets latin et grec, les orthographes varient, ainsi Astipaléa s’écrit aussi Astipàlaia  ou Astypalaea ou Stampalia ou encore Αστυπάλαια .Le territoire de l’île évoque les ailes d’un papillon, avec une côte très découpée, ancien repaire de pirates, qui cachés dans les abris, surprenaient les navires marchands. Fertile à l’Antiquité, elle est désormais aride et couverte de broussailles.

La grande baie de Livadhi ( Livadi ou Livadhia), au SW de l’île, accueille voiliers américain, autrichien, canadien et français. De notre mouillage, on aperçoit le kastello ou kastro. Construit au XIIIème siècle , par une famille vénitienne, qui régna sur l’île pendant 300 ans pour protéger la population des incursions pirates, il domine les maisons blanches de Hora, le principal village situé au sommet d’une colline.  Patrick descend voir si l’ancre a bien crocheté. En canoë, on rejoint la plage. Derrière la promenade du front de mer, les maisons dans les rues derrière sont délabrées. Nous nous attablons sur la terrasse en bois de l’Astropelos, café chics, à l’ombre des tamaris, buvons un citron pressé et notre coutumière tzatziki. Nous repartons avec le plus important : le mot de passe de la wifi qui  nous permet de regarder l’ultime épisode du Bureau des Légendes. On récapitule les manœuvres à effectuer en cas de chute à la mer.

On quitte notre dernière île du Dodécanèse, une des douze îles, formant un croissant le long de la côte turque d’Asie Mineure pour notre dernière Cyclade.

On lève l’ancre, Patrick à la barre, Fabienne à la baille à mouillage remonte l’ancre. Fabienne prend la barre pour se mettre face au vent, Patrick hisse la GV au winch puis file au pied de mât.

Le NAVTEX ( NAVigational TEXt messages) désigne un système d’ information maritime automatique,  et fait partie du système mondial de détresse et de sécurité en mer. A bord de l’Opale, le Navtex est un simple récepteur doublé d’un écran. Les messages Navtex sont reçus jusqu’à 300 milles nautiques. 21 zones différentes sont répertoriées. Il nous renseigne sur les alertes de navigation, de météo, les recherches et sauvetages en mer, … Sur Opale, on l’utilise  pour le bulletin météo. Mais aujourd’hui, le Navtex diffuse un message spécial à tous les navigateurs : « La mer Egée a toujours été sûre et sécurisée pour les marins. La Turquie  a utilisé le système d’alerte Navtex pour promouvoir son agenda national révisionniste concernant le statut de la mer Egée, au détriment de la sécurité des marins. Les autorités helléniques dénoncent de telles pratiques et soulignent que les garde-côtes grecs sont prêts à protéger la vie en mer, à sauvegarder la liberté de navigation  ainsi que les intérêts de la communauté maritime internationale et à faire appliquer les règles de droit en mer. »  Rumeur fondée ou pas de la propension de la Turquie à vouloir s’approprier les îles du Dodécanèse, que les Turcs ont possédées pendant près de  400 ans de 1522 à 1912 ? Ce bruit circule, le Navtex s’en fait l’écho. Suspicion et défiance avérées ou injustifiées ?

Quand on approche Nisos Anafi (Anaphe), l’ile la plus au sud est des Cyclades, par l’est, on subit des rafales à plus de 42 noeuds puis le vent redescend à 16 noeuds mais elles deviennent de plus en plus fréquentes. Nous contournons le cap puis  affalons la GV. Le cap culmine à 470 m, soit 50m plus haut que Gibraltar, il forme une montagne de pierre qui se jette brusquement dans la mer. Au sommet, des moines au XVIIe siècle y ont construit un monastère, sur les vestiges d’un sanctuaire d’Apollon. D’après la légende, Apollon a fait surgir l’île de la mer pour fournir un refuge à Jason et aux Argonautes lors d’une tempête, un mythe probablement en relation avec l’éruption de Thyra, la Santorin antique, à 19 km d’ Anafi. De fortes rafales dévalent de la colline de la Chora mais on parvient à mouiller dans la baie de Skala Anafi.  Après avoir vérifié le mouillage, on nage jusqu’à la seule plage de sable fin et ocre jaune, que l’on ait vue en Grèce. La baignade nous a un peu refroidi et on s’allonge sur le sable brûlant avant de rentrer par le même moyen de transport, nos muscles, au bateau. Le retour est plus aisé, le vent nous éloigne du rivage.

Patrick prépare la longue navigation qui va nous mener en Crête.

Dès potron-minet, nous levons l’ancre et regardons s’éloigner notre dernière île des Cyclades. Par mer calme et douce brise arrière, principalement sous ski, on s’éloigne des îles des anneaux (kukloi) qui entourent Delos, grand centre antique de culte et de commerce de la mer Egée, lieu de naissance mythique d’Apollon. Après 12 heures de  navigation agréable en mer de Kriti, tout à coup dans la brume de beau temps, émerge la Crète, sur toute sa longueur. On distingue ses montagnes et l’envie de pleurer saisit Fabienne. On en a rêvé et nous y voila, la Crète est devant nous, berceau de la civilisation. Y arriver par mer, seuls, sans avoir croisé un seul voilier depuis que l’on a quitté la mer Egée, procure des frissons de fierté. La mer de Crète nous été clémente et nous en viendrions presque à remercier les dieux si notre athéisme ne nous poussait à considérer tout ce panthéon comme une magnifique histoire à rêver debout.

Nous voudrions vous remercier pour tous les commentaires encourageants et chaleureux qui nous sont parvenus, par mail ou sur le site. Nous espérons dans ce second épisode de la saison, influence des séries dont nous sommes friands, continuer à répondre à votre attente de dépaysement maritime.    

Un lot exceptionnel pour celui ou celle qui découvre le nom des 3 plantes prises en photo !

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